La classe ouvrière

Les travailleurs sont la majorité de la population au Canada. Cette classe regroupe toutes les personnes qui doivent vendre leur travail à un employeur pour vivre. Cette capacité à travailler est ce qu’on appelle la « force de travail ». Dans la tradition économique, cette classe est appelée le « prolétariat ».
Sur environ 21 millions de personnes « actives » au Canada, près de la moitié (soit 11 millions) sont des travailleurs. Pour compléter la classe ouvrière, il faut ajouter:
- les travailleurs à la retraite,
- les travailleurs au chômage,
- les personnes à charge,
- et ceux qui reçoivent l’aide sociale.
Ouvriers
Les ouvriers sont des travailleurs directement impliqués dans la production industrielle. (Extraction des matières premières, transport d’un lieu à un autre, transformation en biens intermédiaires ou finis.)
Exemples:
- travailleurs dans les industries minière, pétrolière et forestière;
- travailleurs des rails, débardeurs, camionneurs, etc.
- travailleurs des industries manufacturières (automobile, aéronautique, technologique, nourriture préparée, produits de consommation, etc.) et de la construction,
Ces ouvriers forment le cœur de la classe des travailleurs. Ce sont ceux qui font en sorte que la population à ses besoins de base remplis: des maisons, de la nourriture, des véhicules, du chauffage, des outils, etc.
Travailleurs de la vente et de la logistique
Des millions de travailleurs ont le rôle de faire circuler les marchandises et de les vendre. C’est à ce moment que le profit peut devenir réel.
On retrouve parmi eux:
- les travailleurs de la logistique et de l’entreposage;
- les commis dans les commerces de détail;
- les vendeurs de services et employés des points de vente,
- les employés de centre d’appels dans la vente.
Travailleurs de l’industrie des services
Ces travailleurs produisent des « biens immatériels », c’est-à-dire des services. Ils génèrent des profits pour leur employeur en offrant une assistance spécialisée.
Voici quelques exemples:
- les enseignants d’école privée,
- les mécaniciens automobile,
- les concierges d’agence d’entretien ménager,
- les cuisiniers et serveurs,
- les infirmières auxilières en cliniques privées,
- les déménageurs,
- les employés de centre d’appels de soutien technique.
Travailleurs des services public
Le travail des gens œuvrant dans le secteur public ne génèrent pas directement de profit, mais il joue le rôle essentiel de permettre aux autres travailleurs de continuer à vendre leur force de travail chaque jour.
Cette catégorie comprend notamment:
- Les travailleurs de la santé et des services sociaux, qui permettent aux autres de reprendre leur emploi après une blessure ou une maladie. Par exemple:
- infirmière auxilière,
- préposé au bénéficiaire,
- secrétaire médicale,
- mécaniciens de machine fixe,
- répartiteur médical d’urgence,
- préposé à l’entretien ménager.
- Les travailleurs de l’éducation, qui assurent la formation de la prochaine génération qui va remplacer ceux qui partent à la retraite. Par exemple:
- éducatrice en garderie,
- surveillant d’élève,
- enseignant de primaire et secondaire,
- secrétaire d’école,
- concierge,
- cuisinier de cafétéria.
- Les employés du transport en commun, qui aide les déplacements vers le travail. Par exemple:
- chauffeur d’autobus,
- mécanicien,
- préposé au service à la clientèle.
Travailleurs « improductifs »
Les travailleurs « improductifs » ne créent pas de profits pour leurs employeurs. Ils sont plutôt considérés comme des coûts de fonctionnement du système capitaliste. Ils sont plusieurs centaines de milliers.
On parle, par exemple:
- des assistants administratifs ou agents de service à la clientèle dans le bas de l’échelle des banques, des compagnies d’assurances et dans l’administration des grandes entreprises;
- des agents techniques ou de soutien en marketing, publicité ou communication (ex: infographistes, réviseur, technicien de plateau de tournage);
- etc.
Ils sont des millions au Canada. Leur travail sert surtout à faire tourner les entreprises et les institutions dirigées par les classes supérieures, sans pour autant contribuer à la production des biens ou des services essentiels à la vie quotidienne de la population.
Travailleurs sans emploi stable
La classe des travailleurs inclue aussi toutes les personnes qui vivent dans une grande précarité ou dans l’instabilité du travail. Ils peuvent alterner entre emplois et chômage, travailler « au noir », ou être exclus du marché du travail par le système.
Cela inclut, par exemple:
- les travailleurs à la demande (« gig workers »),
- les personnes blessées ou devenues incapables de travailler,
- les bénéficiaires de l’aide sociale,
- et celles qui, pour des raisons de santé mentale, de problèmes de consommation ou d’un statut migratoire précaire, n’arrivent pas à intégrer le marché du travail de manière stable et continue.
Les classes moyennes

Les classes moyennes réunissent des personnes qui ne sont ni vraiment des travailleurs, ni membre de la classe dirigeante. Ils sont parfois appelés la « petite bourgeoisie ». Par exemple:
- certains sont reliés à la production de biens, d’autres exercent des métiers sans lien avec elle;
- certains sont salariés, et d’autres sont leur propre patron;
- beaucoup possèdent leurs propres outils de travail.
Travailleurs autonomes
La principale différence entre un travailleur salarié et un travailleur autonome est le « lien de subordination »:
- le travailleur salarié dépend d’un employeur;
- le travailleur autonome, lui, est son propre patron.
Il travaille pour lui-même, souvent avec ses propres outils. De plus, il a une relation plus moins égalitaire avec ses clients. Il peut négocier ses tarifs, choisir ses horaires et ses méthodes de travail.
Exemples de métiers qui sont parfois salariés, mais dans lesquels il y a aussi beaucoup de travailleurs autonomes:
- plombiers, électriciens,
- infographiste, technicien de scène, technicien de cinéma, web designer,
- camionneurs « propriétaires-exploitant ».
Professionnels et professions libérales
Les professionnels peuvent être salariés ou travailler à leur compte. Ils sont souvent (mais pas toujours) plus privilégiée sur le plan économique et social que les travailleurs autonomes ou salariés. Les professionnels se différencient d’eux par plusieurs avantages:
- beaucoup d’indépendance et d’autonomie dans leur travail, même quand ils sont salariés;
- leur employeur a beaucoup moins d’autorité sur l’organisation de leur travail;
- des qualifications techniques ou académiques élevées (souvent universitaires);
- et, dans plusieurs cas, une adhésion à un ordre professionnel qui encadre leur pratique et leur garantit un monopole d’exercice.
Leur travail est surtout intellectuel, culturel ou technique.
Exemples:
- professeurs post-secondaires, chercheurs, artistes, etc.
- avocats, notaires, comptable agréé,
- architectes, designer, ingénieurs,
- journalistes, traducteurs, programmeur,
- médecins, thérapeutes, infirmières cliniciennes, travailleurs sociaux,
Petits entrepreneurs
Les petits entrepreneurs regroupent les propriétaires de très petites entreprises (souvent familiales) qui possèdent un capital limité. En général, ils détiennent:
- un local ou un petit terrain,
- quelques outils ou machines,
- et emploient quelques travailleurs seulement.
Individuellement, leur importance dans l’économie est faible, ce qui les empêche d’avoir une influence politique notable. Ils ne font donc pas partie de la classe dirigeante.
Ils ont rarement plus de 5-10 employés. Ils sont aussi vulnérables économiquement:
- endettées auprès des grandes banques,
- fragilisées par la concurrence des grandes entreprises,
- à la merci des politiques publiques qui favorisent surtout les classes dirigeantes.
Ces entreprises ont plus de chances de fermer et de forcer leur propriétaire à retourner dans la classe des travailleurs.
Par exemple, on retrouve dans cette catégorie:
- des producteurs artisanaux (ex: savons, vêtements).
- des fermiers (ex: petite production laitière, apiculteur, etc),
- des propriétaires de petits commerces locaux (ex: dépanneur indépendant, petit café, garage indépendant, etc),
- des entrepreneurs locaux (ex: aménagement paysager, réparation de toiture, etc),
Les classes dirigeantes

Les classes dirigeantes sont une minorité en nombre de personnes, mais elles contrôlent la majorité de l’économie et des richesses au Canada. On les appelle aussi « la bourgeoisie ».
Leur importance dans l’économie leur donne un pouvoir politique dominant à tous les niveaux de l’État. Elles peuvent influencer directement les décisions gouvernementales par divers moyens:
- menace de déménagement d’entreprises ou d’arrêter d’investir,
- contrôle des médias ou campagnes d’influence de l’opinion,
- lobbying auprès des élus ou même corruption « légale » ou illégale.
Elles s’organisent et s’expriment politiquement à travers:
- des think tanks et cercles académiques,
- les chambres de commerce,
- les partis politiques dominants,
- et les grands médias privés dont elles orientent souvent les lignes éditoriales.
On estime à environ 4 millions le nombre de personnes « actives » qui appartiennent à ces classes dirigeantes.
Lieutenants des classes dirigeantes
Les lieutenants des classes dirigeantes ne font partie de cette classe parce qu’ils ont les pouvoirs économiques et politiques directs, mais ils sont au service de celle-ci. Leur rôle principal est d’assurer le contrôle et la discipline des travailleurs, que ce soit par des moyens physiques ou idéologiques, afin de maintenir l’ordre social établi.
Cette catégorie regroupe par exemple:
- le système judiciaire et pénal (juges, agents correctionnels, policiers, etc.);
- les gérants et technocrates;
- les intellectuels et politiciens;
- certaines structures institutionnelles des religions dominantes.
Il ne s’agit pas seulement d’une catégorie économique. C’est avant tout un rôle politique pour assurer la stabilité et la reproduction du pouvoir des classes dirigeantes.
Moyenne bourgeoisie
La moyenne bourgeoisie regroupe les propriétaires d’entreprises et les investisseurs dont les activités économiques sont surtout locales, provinciales et parfois, nationale. Elle est différente des grands groupes et des oligarques dont les affaires s’étendent à l’international, grâce aux multinationales et aux investissements étrangers.
Elle dépend en partie des grandes entreprises, avec qui elle collabore sans avoir le même poids, à travers:
- de sous-contrats passés avec des multinationales,
- de contrats publics,
- ou de subventions de l’État.
La moyenne bourgeoisie exerce une influence politique réelle, surtout aux niveaux provincial et municipal, et parfois aussi sur le plan fédéral.
Exemples d’entreprises:
- Sunrise Farms (Colombie-Britannique, Alberta, Manitoba, Ontario)
- Pacific Coastal Airlines (Colombie-Britannique)
- Chez Ashton (Québec)
- Browns Shoes (principalement dans l’est du Canada, avec quelques endroits dans l’ouest)
- Princess Auto (partout, avec siège social à Winnipeg)
- Gray Tools (Ontario)
- Fermes Lufa (Québec)
Oligarques et monopolistes
Au sommet de la classe dirigeante se trouve la haute bourgeoisie, formée de grands monopolistes et oligarques financiers. C’est une toute petite élite qui détient une part immense de la richesse du pays, directement ou à travers des corporations, fonds d’investissement ou autres mécanismes financiers.
Parmi eux, on retrouve environ 11 000 « ultra-riches » (plus de 30 millions $). On y trouve plusieurs familles puissantes bien connues: les Thomson, les Weston, les Irving, les McCain, les Rogers, les Pattinson, les Richardson, les Saputo, les Desmarais, les Bouchard, etc.
Ces familles possèdent à elles seules une énorme part de la richesse nationale. Les données de Statistiques Canada ne nous permettent pas de cerner exactement leurs avoirs, mais on sait que le 1% des familles les plus riches au Canada (environ 160 000 familles) détient un quart de toute la richesse du pays.
Les 0,5% des entreprises les plus riches du pays comptent pour presque 50% du produit intérieur brut (la valeur de tous les biens et services produits au Canada en une année). D’un autre côté, 91% des entreprises au Canda ont moins de 100 employés et représentent à peine 37% du PIB.
À l’oligarchie et aux monopolistes s’ajoutent les hauts cadres, PDG et membres des conseils d’administration des grandes entreprises, banques et fonds de pension. Même si leur fortune personnelle ne dépasse pas quelques millions, leur position de direction leur donne un pouvoir économique, financier et politique considérable.
Exemple: David I. McKay, président de la Banque Royale du Canada, possède une fortune personnelle de quelques millions. Pourtant, il contrôle, avec les autres cadres, plus de 1,5 milliard $ d’actifs de la plus grande banque du pays.